09.11.2013

Civisme ou délation

Je lisais dans un grand quotidien régional le billet d'un journaliste qui s'offusquait d'avoir découvert sur la page facebook du journal, la photo d'un véhicule illégalement stationné sur une piste cyclable, postée par un facebookeur anonyme.
Pensez vous qu'il s'offusquait lui aussi de ce délit?
Pas du tout il qualifiait le photographe amateur, d'activiste petit rapporteur de l'espèce des mouchards communs. Et il ajoutait que ce pauvre citoyen excédé faisait partie des cafardeurs qui se cachant derrière leur fenêtre, épient notre quotidien, débinant n'importe quoi du fond de leur solitude, tordus par la trouille, l'anonymat et le besoin d'être.
Et bien! Pour une photo sur facebook d'un véhicule dont le propriétaire ne court pas le moindre risque!
Voici donc un pauvre citoyen, excédé, par les incivilités devenues quotidiennes dans notre environnement, et qui tente comme il le peut de se défendre, ou de tirer la sonnette d'alarme, qualifié de cafard anonyme.
Ce "chroniqueur", peut être lui même habitué à la pratique de l'incivilité, ajoute ainsi une certitude pour nos autorités, élues ou administratives, dont la mission consiste à organiser la vie commune et à en faire respecter les règles, qui ne manque pas de lire ce quotidien, qu'il n'est peut être pas indispensable de réagir face à ces petits actes quotidiens qui polluent la vie des gens.
La presse nous couvre, voilà une bonne nouvelle.
Quand vous vous promenez dans une ville, vous constatez que les véhicules stationnent sur les places réservées aux handicapés, sur les trottoirs obligeant les mères de familles à descendre sur la rue avec leurs enfants ou leur poussette. Vous constatez que les feuilles humides et les détritus s'accumulent au risque de faire chuter les personnes et d'engorger les caniveaux, provoquant les inondations en cas de fortes pluies. Vous constatez que des automobilistes inconscients circulent à grande vitesse sur les voies réservées aux piétons et aux transports en commun, mettant en danger les utilisateurs. Vous constatez que les énormes 4/4 circulent sur les massifs fleuris, les bus stationnent sur les jolis pavés trop fragiles pour supporter cette charge, et que des jeunes gens s'amusent à casser chaque nuit, les petits éclairages que les services techniques remontent le lendemain matin.
Les contribuables, dont je suis, paient ensuite les factures, pour remettre en état, pour soigner, pour remplacer.
Est on intolérant lorsque l'on demande aux gens de respecter des règles de bien vivre ensemble? Est on un cafard lorsque l'on essaie de faire prendre conscience par ses petits moyens aux autorités qu'il serait temps de mettre fin au laxisme?
Monsieur le journaliste qui rapportez et tournez à la dérision dans votre billet, ce que d'autres subissent au quotidien dans leur ville, pourquoi n'ouvrez vous plutôt vos billets à ceux qui ont envie de dire qu'ils sont excédés, qu'ils n'en peuvent plus. Pourquoi ne rappelez vous pas à tous, que les règles du vivre ensemble commencent par le respect des uns et des autres. Pourquoi défendez vous ce qui constitue le mal être de cette société ou quelques uns gâchent la vie de tous les autres, et leur font courir des risques.
Ainsi vous participerez à améliorer la vie de la cité et vous apporterez votre pierre à l'édifice commun qu'est l'organisation de la vie en société et en communauté.

Patrick Chrétien