16.10.2025

14/10 : Familles de France participe aux 15èmes rencontres sur le Système de Santé

Familles de France a participé le 14 octobre 2025 dernier aux 15èmes Rencontres sur le Système de Santé qui avait pour intitulé  « Comment préparer la France aux chocs financiers, technologiques et géopolitiques »

Ce colloque a rassemblé décideurs publics, experts et acteurs du secteur pour analyser les défis majeurs qui menacent notre système de santé dont le financement sous tension, l'intelligence artificielle, la réindustrialisation et innovation médicale.

Face à ces chocs, l’objectif est clair : transformer un modèle fragile en un système résilient, efficace et équitable.

 

Financer autrement la Sécurité sociale : urgence d’une refondation

Le financement actuel de la Sécurité sociale est sous pression. Les débats ont souligné le manque de vision pluriannuelle, la prévention insuffisante, et la nécessité de responsabiliser les acteurs sans fragiliser la solidarité.

Cyrille Isaac-Sibille (député du Rhône) plaide pour une prévention « industrielle » et un reste à charge modulé selon les revenus. Yann Gaël Amghar (HCAAM) évoque un effort financier de 35 milliards d’euros, tout en alertant sur les effets inégalitaires d’une hausse brutale du reste à charge. Laurent Borrella (Malakoff Humanis) met l’accent sur la coordination des soins et la co-construction entre acteurs.

Consensus : prévention, coordination, vision stratégique et responsabilisation collective sont indispensables pour garantir la soutenabilité du système.

 

Intelligence artificielle en santé : opportunité ou menace ?

L’IA transforme le système de santé, mais soulève trois chocs majeurs :

  • le choc de l’utilisateur : auto-diagnostic et confiance,
  • le choc des données : qualité, accès, souveraineté,
  • le choc du soignant : peur du remplacement.

Pour Guillaume Assié, la désintermédiation médicale constitue un risque réel. Vanina Paoli-Gagin rappelle que la santé n’est pas une marchandise. Antoine Tesnière plaide pour une intégration IA-humain, afin que la technologie soutienne le soin et non le remplace.

Les leviers prioritaires : infrastructure européenne souveraine, gouvernance éthique de la donnée et formation des professionnels. L’Europe doit devenir un acteur central de l’IA médicale, tout en protégeant l’égalité d’accès aux soins.

 

Réindustrialisation et souveraineté sanitaire : sortir de la dépendance

La pandémie a révélé la vulnérabilité du système : plus de 400 médicaments sont en rupture ou en tension, et jusqu’à 20 % du temps hospitalier est consacré à gérer ces pénuries.

Renaud Cateland (AGEPS) détaille la feuille de route européenne et française : traçabilité, diversification, création d’un organisme d’anticipation (ERAR).

Julien Ettersperger (Médicen) plaide pour une réindustrialisation sélective et stratégique, adaptée aux besoins réels et coordonnée à l’échelle européenne.

Anne Sénéquier (IRIS) rappelle que la santé est aussi un enjeu géopolitique et économique. La souveraineté sanitaire repose sur la capacité à maîtriser approvisionnements, données et choix de santé.

 

Innovation médicale : concilier progrès et équité

L’innovation doit être perçue comme une valeur ajoutée, et non uniquement comme un coût.

Agnès Firmin Le Bodo insiste sur la nécessité d’évaluer les bénéfices réels pour le patient et d’élaborer des indicateurs pertinents. Les propositions clés :

  • créer une enveloppe pluriannuelle dédiée aux innovations,
  • garantir une formation continue des professionnels,
  • assurer l’équité territoriale dans l’accès aux technologies.

Stéphane Lassignardie (AbbVie France) appelle à une loi de programmation santé, dépassant le cadre annuel du PLFSS pour mieux anticiper les besoins et valoriser les innovations.

 

Conclusion : changer de paradigme pour tenir face aux chocs

Des quatre tables rondes se dégage une conviction commune : prévention, coordination, innovation et souveraineté sont les piliers pour résister aux chocs.

« Le système de santé ne tiendra que s’il devient préventif, stratégique et anticipateur », résument les intervenants.

Les deux prochaines années seront décisives pour transformer ces constats en actions concrètes, et bâtir un système résilient, équitable et performant.