14.02.2022

Familles monoparentales : quels accompagnements ?

Selon l’Insee, les familles monoparentales représentent aujourd’hui une famille sur 4[i]. La Confédération des organisations familiales de l’Union européenne (COFACE) précise que la prochaine génération sera constituée de 30 % de familles monoparentales en Europe. Situation choisie ou subie, être la seule figure parentale au quotidien peut se révéler complexe.

Le 25 janvier dernier, Familles de France a participé à un séminaire organisé par la COFACE portant sur le thème : «un regard plus attentif sur les familles monoparentales : défis et solutions du quotidien».

Il y a été partagé des initiatives locales telle que le «Single Center Family» en Hongrie qui est un modèle dont on peut s’inspirer, en apportant une réponse pluridisciplinaire et globale spécifiquement pour les parents solos, pour aller vers plus d’égalité entre les familles monoparentales et les autres.

En mai dernier, une proposition de loi a été examinée pour réfléchir à une meilleure inclusion des familles monoparentales, qui subissent davantage de précarité et d’inégalités. Cet examen au niveau parlementaire illustre là, le fait qu’il s’agit bien d’une réalité familiale et sociale qui doit faire l’objet d’une attention accrue de notre société.

Quelles sont les difficultés auxquelles les familles monoparentales doivent faire face ? Quelles sont les ressources dont elles peuvent bénéficier ?

Des besoins spécifiques

Le taux de pauvreté est deux fois plus élevé pour les familles monoparentales selon les études sur le sujet. Un seul salaire parfois issu d’un contrat à temps partiel, des conditions d’accès à la propriété plus difficile, des impayés de contribution à l’éducation et à l’entretien de l’enfant de l’autre parent, tout cela entraine de réelles inégalités.

Être seul pour élever son enfant peut être un défi du quotidien pour beaucoup de parents : difficultés psychologiques, complexité de la gestion logistique, absence de répit et de temps pour soi.  Pour les enfants vivant dans une famille monoparentale, il peut y avoir un manque d’égalité et d’opportunité par rapport aux familles où les deux parents sont présents, notamment sur l’accès aux loisirs et aux vacances.

La majorité des parents solos sont des femmes (85 %), ce qui créé en plus d’une inégalité sociale une inégalité de genre, comme l’explique la sénatrice Martine Filleule, porteuse de la proposition de loi.

Un des défis les plus importants à relever est de poursuivre l’éducation des enfants : la charge est la même que dans toutes les familles, mais doit être gérée par une seule personne. Cela peut se révéler angoissant et difficile, surtout lorsqu’il faut gérer les états émotionnels de l’enfant à la suite de la séparation parentale ou de l’éloignement géographique de l’autre parent, voire du décès du conjoint.

...auxquels peuvent répondre certaines initiatives.

Financièrement, des aides peuvent être attribuées aux parents seuls par la CAF. Parmi ces différentes aides, on trouve l’allocation de soutien familial (ASF), qui est attribuée sous conditions à un parent isolé, lui permettant de percevoir environ 100 euros par mois et par enfant. Il existe aussi l’aide à la garde d’enfant pour parent isolé (AGEPI) si les enfants ont moins de 10 ans.

Un certain nombre de structures peuvent être des lieux ressources pour aider les parents seuls :

Les centres de PMI peuvent proposer des actions de soutien à la parentalité, et un accompagnement avec des psychologues et des médecins.

Les CCAS sont un appui pour les parents qui souhaitent être aidés afin d’avoir accès à des aides financières ou de logements.

Le réseau Parent solo prévient les situations d’isolement et d’épuisement.  Il propose l’accompagnement de projets ayant pour but l’aide aux parents seuls, comme par exemple la création de garderies gratuites s’adressant aux familles monoparentales. Il lutte aussi contre le problème de l’invisibilité dans la société des familles monoparentales : pour cela, il faut leur donner de la visibilité et faire des actions de sensibilisation.

"Parents solos" est un service proposé par Familles de France de la Mayenne, présidée par  Christian Thirault. Il détaille les initiatives gratuites mises en place dans son association :

«Nous mettons en place environ une fois par mois des groupes de paroles pour parents solos, animés généralement par un psychologue. Ces groupes sont ouverts à tous ceux qui se considèrent comme «parents seuls» c’est-à-dire veuf ou veuve, parent dont le conjoint est militaire ou incarcéré, personne séparée ou divorcée... Nous organisons aussi des visites pédagogiques pour les enfants. Ce sont des animations qui sont souvent organisées dans le cadre du REAP (Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents). Enfin, un accès au droit de la famille est possible grâce à des permanences avec un avocat spécialisé.»

Grâce à ce type de services, les parents peuvent trouver une écoute, un réconfort et se sentir soutenus dans leur quotidien.

Autre exemple, l’association de Familles de France, Familles de Meudon (92) propose des temps de soutien aux parents célibataires animés par des médiatrices familiales, afin de constituer un réseau d’entraide. Il en va de même pour l’association des familles de Beauchamp (95), où un groupe de paroles s’ouvre le dernier mardi de chaque mois en soirée pour libérer la parole et échanger.

Il est important de poursuivre la création de structures pouvant proposer un accompagnement pour aider les parents seuls à concilier vie familiale et vie professionnelle.