15.09.2014

Discours de Patrick Chrétien lors de sa remise de légion d'honneur

Monsieur le Président du Conseil Général, cher Parrain,
Monsieur le Député, cher Denis,
Mesdames et Messieurs les Conseillers Généraux,
Mesdames et Messieurs les Maires, Adjoints et Conseillers Municipaux,
Monsieur le président de l’AMAPA, notre hôte,  très cher Bernard,
Mesdames et Messieurs les Présidents,  et administrateurs des associations,
Mesdames  et Messieurs les directeurs et collaborateurs des structures associatives,
Chers collègues,
Chers amis.

Ce soir mon émotion est très forte.
Peut être que ceux qui me connaissent bien le perçoivent.

Je voudrais insister sur l’importance de cette cérémonie. Si vous êtes là ce soir, avec moi, c’est parce  que tous, vous avez, à un moment ou à un autre joué un rôle dans ma vie « d’acteur de la société civile » pour laquelle cette récompense m’est attribuée.
Je voudrais vous montrer que ce soir nous ne célébrons pas une personne, mais une histoire commune.
Je vais tenter de vous la raconter.

Être intégré dans l’ordre de la Légion d’Honneur est un exercice difficile, fait d’honneurs, d’obligations, mais qui commence par des surprises.
La nouvelle vous surprend un premier jour d’une nouvelle année, au petit déjeuner, lorsqu’un de vos amis vous félicite, sans vous dire pourquoi, par SMS, envoyé vers 8 heures 30 du matin.
Pour un premier Janvier, c’est tôt.
Il ne dit pas pourquoi il me félicite, mais Joseph est un homme surprenant, et je me dis que c’est avec retard pour un événement du passé. Ce ne serait pas extraordinaire chez lui.

Un deuxième message arrive, guère plus clair. Puis un autre encore.

C’est Thierry, l’un de mes collègues du conseil d’administration de l’UNAF qui sera le premier à me faire comprendre la nouvelle.

Puis les messages se succèdent.
C’est la magie des réseaux sociaux.

Ma première pensée, après avoir compris que Madame le Ministre de la Famille m’avait fait nommer à l’ordre de la Légion d’honneur a été pour mon père, malheureusement disparu.
Il était militaire de carrière, au 507ème régiment de chars de combats à Montigny-lès-Metz. Les messins savent ce que c’est le 507, le prestigieux régiment du colonel De Gaulle.

Pendant tout son commandement à Metz, il avait un secrétaire, adjudant chef, qui s’appelait Georges Chrétien. Vous pensez qu’avec un patron pareil mon père connaissait le sens des récompenses. Il aurait vraisemblablement savouré cette distinction attribuée à son fils. Mon père était patriote, humaniste, et très respectueux des valeurs de la République. J’ai été bercé dans  cet environnement par mon père et par ma mère.

Ma seconde pensée a été pour mon frère, Claude, décédé lui aussi. C’était un homme qui incarnait à mes yeux la France, la vieille France, avec son histoire et avec  ses valeurs. Quelle fierté il aurait eu ?

Ensuite on tente de refaire sa propre histoire ! Pourquoi cette distinction ?
Alors j’ai pensé à vous. Vous qui êtes là, ou à ceux qui ont disparu. C’est vous qui avez fait mon histoire, c’est vous qui avez fait mon investissement militant, ou mon investissement professionnel.

Vous avez cru en moi, vous avez acceptez de me suivre dans mes idées, dans les projets que j’ai proposés, vous m’avez fait confiance, parfois même vous vous êtes opposés.
Mais une opposition bien construite est aussi une chose  importante, ce n’est pas les politiques présents dans la salle qui me contrediront !

J’ai pu m’exprimer grâce à vous, et pourtant en finalité il n’y qu’une récompense, pour une seule personne, alors qu’il s’agit d’un travail commun.
Je trouve le système injuste, et je fais la proposition aux parlementaires de penser à récompenser aussi les œuvres communes.
Au moment où l’individualisme est roi ce pourrait être un beau projet.

Être militant, c’est quoi ? Comment devient-on militant ?
Je vous invite pendant quelques instants à partager cette réflexion avec moi.
Aux origines, le terme militant concernait les personnes qui se battaient, les armes à la main, pour défendre ou imposer leurs idées, leurs convictions propres, ou celles de leur école de pensée.
Aujourd'hui le militantisme désigne le soutien actif à une cause, à un idéal ou à une idéologie, ou encore à un parti politique. C’est un peu plus humaniste que d’imposer les choses les armes à la main.
Pourtant certains continuent à le faire ainsi, et vous savez tous que nous devons être vigilants.

Il y a deux hommes qui ont changé le cours de ma vie, et de celle de mon épouse, Nicole, que je veux associer à toute cette aventure, car nous avons un parcours militant commun.
L’un était prêtre dans ma paroisse, l’autre travaillait au ministère de l’intérieur, il était flic et président d’association dans le quartier où nous résidions.
Le premier, lors du mariage d’une amie d’enfance, c’était vers Noël,  m’a proposé de venir l’aider à réaliser la crèche dans l’église paroissiale. J’ai une passion pour les crèches provençales, transmise par mes parents qui ont découvert cet art, lors de leur expulsion en 1940.
Il s’appelait Paul. Je l’ai suivi.
Le deuxième m’a demandé de l’aider à organiser des fêtes de quartier, des excursions, ou des expositions. Il s’appelait Louis. Je l’ai suivi aussi.

C’était le début d’une aventure  de plus de 40 ans qui n’est toujours pas terminée.

Un peu plus âgé, Louis a proposé que je lui succède à la gouvernance de l’association qu’il présidait.
Je n’ai plus jamais quitté cette fonction depuis. Je l’ai exercée dans d’autres milieux mais toujours pour exprimer les mêmes convictions.
Croire aux hommes et aux femmes et à ce qu’ils sont capables de faire quand ils s’unissent pour créer une cellule familiale.

Pourquoi faut-il défendre la famille !
Je voudrais être clair sur ma vision de la famille. Je l’aime classique, composée d’un homme et d’une femme qui ont pour objectif, à partir de leur amour, de mettre au monde des enfants et de les choyer pour en faire des petits hommes.
Mais je respecte toutes ses autres formes, et je les défendrais de la même façon si c’est nécessaire.
La Famille possède un pouvoir extraordinaire de stabilité, et une capacité étonnante de résistance, au milieu des pressions politiques, économiques, ou  idéologiques. Elle transmet, à travers les générations, le dépôt qu’elle a reçu et qui, dans la vie cachée et profonde des foyers, constitue, derrière toute l’Histoire apparente, la vie réelle, la vie privée, l’intimité, le lieu où les hommes et les femmes mettent le meilleur d’eux-mêmes.
L’asservissement de l’homme, suppose entre autres, la perversion, l’affaiblissement, et la corruption des liens familiaux.
C’est bien pour cela que, partout où une dictature veut s’assurer la domination des âmes, elle s’attaque à la famille. Elle essaie de lui soustraire les enfants, de briser l’intimité de l’atmosphère spiritualiste  du foyer qui échappe à son emprise.
C’est le sens de mon engagement d’aujourd’hui, auquel je suis arrivé par ce long cheminement fait d’actions, de réflexions, de recherches, d’innovations mais aussi de rencontres.
Si aujourd’hui vous êtes à mes côtés, c’est parce qu’un jour dans ce cadre nous avons pu travailler ensemble et nous apprécier.
Je ne peux vous nommer tous, ce serait trop long et le risque d’oublier des noms est trop fort.
Ma vie professionnelle, tout au long de ces 40 années, m’a permis de pratiquer un métier très riche, humainement. J’étais un « chef ou un manager » chargé d’animer des équipes dans des sites de production industrielle. Je globaliserai ma réflexion sur ce métier en disant que la richesse créative et humaine des hommes fait de véritables  merveilles.
Pour terminer ma carrière, j’ai pu avec Kathy, réaliser du transfert de quelques unes de mes compétences vers les plus jeunes. C’est un beau métier, que de transmettre un petit peu de son savoir aux plus jeunes pour les aider dans leur vie professionnelle.
L’entreprise est une autre forme de famille. On y vit ses moments de bonheur, ses moments de difficulté et même parfois des moments tragiques. Et la, souvent, la solidarité  des uns vers les autres fait des prodiges.
La loi me permettait de prendre une retraite dés  octobre 2012.
Mais courant Novembre, par un hasard assez surprenant, je rencontre le Président d’un groupe qui vient de se positionner pour la reprise d’une belle association messine.
Bernard est un homme persuasif, attachant, humaniste. Même s’il ne fait pas partie de la mythologie Homérique, avec ses Sirènes, qui par leur chant savent attirer les navigateurs, il s’y entend assez bien pour attirer des collaborateurs autour de lui.
Comment lui résister ? Car en plus il insiste. Il veut me remettre au travail. Me voilà reparti,  dans un milieu que je connais, celui des seniors, qui me concerne progressivement puisqu’il devient  le mien.
A peine remis de ces émotions quelques mois plus tard, le Conseil d’Administration du mouvement Familles de France, dans lequel je milite depuis plusieurs dizaines d’années, me demande à l’unanimité d’assurer la suite du Président sortant.
C’est difficile de refuser. Pour une retraite tranquille je suis servi.

C’est un métier difficile que d’être président national d’un mouvement familial en ce moment.
Je suis devenu l’un des meilleurs clients de la SNCF, et cette année je vais faire l’équivalent de deux fois le tour du monde en TGV, en parcourant la France.
Mais quel bonheur de rencontrer sur le terrain des hommes et des femmes, merveilles d’engagement, de motivation, d’innovation, et d’humanisme.
Beaucoup  pensent que la LEGION d’HONNEUR créée par Napoléon, est réservée aux faits de gloire du soldat
C’est un soldat, le général GOBILLARD ancien chef de la force de l’ONU à SREBRENICA, qui a osé cette réforme, alors qu’il présidait la société des membres de la Légion d’honneur, pour récompenser des civils engagés dans la vie citoyenne.
L’avenir dira si c’était une bonne initiative.
Je voudrais vous dire, cependant, que je considère à titre personnel que la Légion d’honneur, n’est pas une consécration, c’est au contraire une obligation d’action. Les récipiendaires doivent être engagés pour la société, activement. Monsieur le Président du Conseil Général, cher parrain, je considère  que la médaille que vous venez de me remettre est un  « ordre de mission ».
Je continuerai à servir à mon niveau, selon mes forces, les instances et associations avec qui j’ai créé des liens. En tout cas je poursuivrais ma mission au service du grand mouvement que j’ai l’honneur de présider, de mon cher COGEHAM qui en est une émanation, et de cette maison que j’ai choisie très symboliquement, pour recevoir ces insignes.

Je souhaite remercier mon épouse, Nicole, avec laquelle depuis 40 ans je milite au sein de la vie associative. Sans elle, il y a bien des situations qui auraient été différentes et sans doute que ce soir nous ne serions pas là.
Je veux remercier aussi mes enfants, Claudine et Olivier, pour avoir accepté notre engagement. Je veux embrasser mes petits enfants, Romane et Louis.
Et pour conclure, je souhaite vous poser cette question.
Ai-je été assez clair pour vous montrer que seul au monde, on ne fait jamais rien ?
La force est dans l’œuvre commune et vous avez tous participé à celle que j’essai d’organiser. Je veux vous dédier à tous cette décoration.

Merci Monsieur le député pour avoir initié le processus d’obtention de cette décoration.
Merci Monsieur le Président du Conseil Général d’avoir accepté de m’accompagner, pour l’entrée dans cet ordre prestigieux.
Merci à tous

Discours prononcé par
Patrick CHRETIEN
Président National de Familles de France
Président du COGEHAM
À l’occasion de la remise de ses insignes de la Légion d’Honneur dans les locaux de l’AMAPA, le 15 septembre 2014 au Ban Saint Martin