15.04.2015

Laurence Rossignol a réuni les acteurs du soutien à la parentalité

Mercredi 15 avril 2015, Rose Marie Vilafranca, Thierry Vidor, et Patrick Chrétien ont participé au forum réunissant les acteurs de la parentalité autour de Laurence Rossignol Ministre de la Famille, Francois Fondard Président de l'UNAF, de Daniel Lenoir Directeur de le CNAF  et Benoit Ménard Directeur Général de l'UNIOPSS.
Cette réunion avait pour objectif de tenter d'identifier les besoins des familles, de mettre en valeur les actions exemplaires et de définir les priorités.

Francois Fondard s'est exprimé sur les besoins des familles et sur leur volonté d'être acteur de leur propre vie (voir discours ci dessous). Il a présenté les différents travaux menés par les bénévoles et les salariés des UDAF pour recueillir les besoins des familles  et en particulier l'Éducation, la scolarisation, et la Santé.
Il a rappelé le fort engagement déjà existant des associations familiales dans les REAAP, les points info familles, les espaces de rencontre et de médiation, le parrainage de proximité, les accueils de jeunes enfants, périscolaires ou de vacances.
Il a souligné l'importance des schémas départementaux de soutien aux familles en particulier pour leur capacité à mettre en évidence les manques dans ces domaines

Daniel Lenoir s'est exprimé sur la COG (convention d'objectif et de gestion). L'Accompagnement à la parentalité demeure un des objectifs prioritaires de cette convention puisque des moyens financiers importants y sont consacrés.
Il a insisté sur les besoins d'améliorer la communication envers les familles et de mettre en réseaux les différents moyens de communication y compris avec celui des réseaux sociaux qu'il considère comme un outil extrêmement important à condition qu'il soit correctement utilisé.
Il a souligné lui aussi l'importance des schémas départementaux et de la territorialisation qu'ils induisent en apportant des réponses pour les secteurs déficitaires.

Benoit Ménard a voulu insister sur les besoins particuliers des familles en grande pauvreté matérielle, culturelle ou intellectuelle.
Il a montré également l'importance de la prise en charge des enfants dès leur arrivée dans les établissements d'accueil de jeunes enfants et les besoins de transversalité pour une prise en charge globale.

Certains acteurs d’actions de parentalité sont ensuite intervenus pour parler des dérives fondamentalistes ou sectaires. Ils expriment en particulier les actions sournoises mises en œuvre par les sectes ou les milieux fondamentalistes pour approcher les jeunes les plus fragiles et les entraîner, en utilisant adroitement les réseaux sociaux. Chacun évoque régulièrement l'importance du réseau familial accompagné par les actions de parentalité mises en œuvre.
On pourra retenir que les ateliers d'alphabétisation, de soutien scolaire, d'apprentissage de la lecture ou de l'écriture ou de la langue sont considérés comme des actions de soutien aux familles.
Pour les familles monoparentales, il apparaît bien sûr que la précarité est un élément fragilisant la famille. C'est également la solitude face aux difficultés de l'éducation de l'enfant qui apparaît comme un élément prépondérant et l'accompagnement qui peut être organisé autour de l'enfant et de son parent permettra d'améliorer des situations.
L'accompagnement des travailleurs sociaux, et  des associations par l'information qu'ils apportent, le soutien et la mise en relation, permet aux personnes seules d'affronter ces difficultés et de retrouver des conditions de vie plus correctes.

Une seconde table ronde a voulu aborder le problème de la communication ou "Comment atteindre les familles qui ont besoin d'un soutien en parentalité "
L'utilisation de l'Internet, et des réseaux sociaux demeurent une piste très souvent mise en avant pour diffuser l'information avec le site de la CNAF ( et des CAF)  entre autres ainsi que les Newsletter des différents acteurs.

Un échange de point de vue a été organisé par Madame la Ministre qui a distribué la parole à la salle. Notre représentante a rapporté son action très large qu'elle a entrepris sur le suicide et les addictions en général. Madame la Ministre a promis une rencontre à Rose Marie Vilafranqua pour évoquer avec elle la possibilité de soutenir et de démultiplier son action.

 Discours du président de l’UNAF devant la Secrétaire d’Etat à la Famille, aux personnes âgées et à l’autonomie, le mercredi 15 avril 2015

Mme la Ministre, nous vous remercions de nous avoir conviés à cette réunion et de nous donner la parole sur les attentes des parents dans leur fonction éducative.

Nous croyons fondamentalement, à la capacité des parents à créer et organiser eux-mêmes les actions dont ils ont besoin. Le « pouvoir d’agir » et l’entraide mutuelle constituent à ce titre les principes d’action historiques des associations familiales. Ce que l’UNAF, les UDAF et les associations cherchent prioritairement à mettre en œuvre pour répondre aux attentes et besoins des familles, c’est de leur donner des moyens d’être acteurs de leur existence. C’est la raison pour laquelle nous soutenons toujours fortement, depuis son origine, les REAAP, dispositif emblématique des actions menées au plus près des familles. Sur le terrain. Conçues pour elles, et surtout avec elles.

Pour être au plus près de leurs aspirations, l’UNAF a pour priorité d’action de recueillir la parole des familles : ce que les parents disent concrètement de leurs conditions de vie, de leurs difficultés et de leurs attentes. Nous mettons ainsi en œuvre une « stratégie » d’observation sous plusieurs formes :
- Ce sont les groupes de travail regroupant des professionnels et bénévoles d’UDAF qui nous informent des conditions de vie des parents, et nous rendent compte de leurs propos, des succès et des échecs des différentes actions proposées sur les territoires ;
- Ce sont les enquêtes qualitatives, ou les actions de recherche qui recueillent de manière plus fine le point de vue des parents, de leurs enfants parfois également, ou par le biais des services et des accompagnements dont ils bénéficient. Je citerais, en guise d’illustration, l’enquête que nous avons réalisée sur le ressenti des femmes sur leur maternité, ou celle, très récente, sur le point de vue des parents bénéficiant d’une Mesure d’Aide à la gestion de leur budget.
- Ce sont également les études annuelles menées dans les départements et au niveau national, avec le concours de la CNAF, dans le cadre des observatoires de la famille. Elles nous permettent de relayer la parole des familles sur des thématiques liées à la parentalité, comme celle de la vie de parent au quotidien, la prévention santé dans le cadre familial, les loisirs et les vacances, ou encore celle qui a donné la parole aux pères sur leur rôle de parent.

Nous cherchons ainsi à recueillir la parole des parents, complémentaire à d’autres formes d’expertises, et tout autant importante. Que nous disent les parents de leurs besoins et attentes ? Très brièvement, ils expriment trois sujets prioritaires de préoccupation : l’éducation de l’enfant, sa scolarité, et sa santé. Leurs attentes se manifestent principalement sous deux formes : un besoin d’information, et, dans certains cas, une demande d’accompagnement.

Les parents recherchent des informations leur permettant de mieux comprendre ou d’améliorer leur relation avec leur enfant (problème de communication, d’autorité, etc.), ou au sein de la fratrie. La prévention et la gestion des conflits sont souvent des sujets d’interrogations.

Les parents expriment souvent des inquiétudes sur la scolarité de leurs enfants, et sont en recherche de réponses pour permettre la réussite de leur enfant tant sur le plan scolaire, que sur son épanouissement personnel. Les demandes de conseils portent aussi sur les temps de vies familiaux, tels que ceux du repas ou des loisirs.

Dans nos services de protection de l’enfance, accompagnant des publics particulièrement précaires, nous constatons aussi que l’offre complémentaire apportée par les centres sociaux est très appréciée, ainsi que les actions des CAF en matière d’aide au départ en vacances.

Mais on observe aussi, en creux, que les préoccupations des parents ne sont pas toujours celles qui sont débattues dans l’espace public. Pour exemple, la question du beau-parent, n’est quasiment jamais citée par les parents comme une priorité ; soit parce qu’ils considèrent que ce n’est pas un problème, soit parce qu’ils n’attendent pas de réponse spécifique venant de « l’extérieur » à ce qui peut être néanmoins perçu comme une contrainte ou un point de tension dans l’exercice de leur parentalité.

Si les parents souhaitent que les informations utiles soient regroupées en un même lieu ou espace, nous pensons aussi nécessaire de mettre à contribution les lieux de vie habituellement fréquentés par les enfants et leurs parents : crèche, halte-garderie, école, pour que toutes les familles puissent y avoir accès.

Nous constatons, dans le cadre des REAAP, qu’il est parfois difficile de mettre en contact les parents entre eux, ou avec les professionnels concernés. Mais lorsque cela se fait, la satisfaction est importante.

Mais tous les parents ne sont pas dans une démarche active et, par ailleurs, cette démarche n’est pas toujours liée à la gravité des problèmes rencontrés.

C’est pourquoi, face à la tentative qui peut exister de cibler les actions sur certaines catégories de familles, nous considérons – à l’inverse - que l’offre en matière d’aide à la parentalité doit rester universelle et plurielle.

Universelle, car tous les parents sont concernés. Tous peuvent, à un moment ou un autre de leur parcours, avoir besoin d’aide. Universelle, car c’est aussi le seul moyen d’éviter tout effet de stigmatisation qui pourrait éloigner certains parents qui auraient le plus besoin de soutien.
Plurielle, car les attentes des parents varient selon leur âge, leur sexe, ceux de leur enfants, la taille de la fratrie, leur lieu et type de résidence et d’environnement (urbain/rural), leur réseau social et familial, etc. Cette offre doit aussi avoir comme objectif d’apporter un soutien à un projet qui est celui de la famille, des parents, en priorisant les initiatives individuelles et collectives prises par les parents eux-mêmes, et en les aidant à assumer leur responsabilité parentale.

C’est dans ce cadre que le réseau des UDAF et des associations familiales développe toute une série d’actions, dans le domaine de l’aide à la parentalité et notamment :
- Des Points d’information aux familles,
- Des actions d’éducation aux médias
- Des services de médiation familiale
- Des espaces de rencontre
- le dispositif « Lire et faire Lire » ;
- le parrainage de proximité ;
- les REAAP.

Pour terminer, je voudrais saluer votre décision, Mme la Ministre, de généraliser les schémas départementaux des services aux familles sur l’ensemble du territoire. Nous soutenons totalement cette ambition, et incitons notre réseau à y participer. Nous pensons en effet qu’ils offrent une véritable opportunité pour améliorer le diagnostic des besoins et les réponses de proximité à apporter dans les départements.

Le lien entre petite enfance et parentalité souligne la nécessité de construire, parallèlement, une politique facilitant la conciliation vie familiale/vie professionnelle. Elle ne doit pas se limiter à la petite enfance, et mobilise d’autres acteurs tels que les employeurs publics et privés. C’est une demande forte des parents.

Notre analyse des 12 schémas signés dans le cadre de l’expérimentation lancée en 2014 montre que les premiers départements engagés dans la démarche ont même cherché à aller au-delà de ce premier diagnostic en proposant des actions pour recueillir les besoins des parents aussi bien qualitativement que quantitativement.

Nous serons très attentifs à la prise en compte de questions ou de services parfois négligées dans le domaine de la parentalité : je pense en particulier au parrainage de proximité, ou encore à la question des parents handicapés, qui ne sont pas suffisamment abordés dans ces schémas.

Les UDAF participeront activement à cet exercice de diagnostic qui doit être permanent. Elles y participeront car elles sont proches des familles et proches des associations. Enfin, en 2016, notre Observatoire des familles permettra de collecter des données départementales sur les besoins d’appui aux parents sur les territoires, ce qui enrichira notre participation à cette politique.

Madame la Ministre, je vous remercie.

[plus d'info sur le site de l'UNAF]