20.12.2021

Education sexuelle en milieu scolaire : un enjeu primordial

Pendant longtemps l’éducation sexuelle était du ressort de la sphère familiale  : il incombait généralement aux mères de transmettre des informations sommaires pour préparer leurs filles à leurs futures maternités. Au début du 20ième siècle, la baisse de la natalité et la question du péril vénérien vont initier les premières démarches éducatives notamment à travers des conférences.

L’éducation sexuelle restera pendant des années ancrée dans une optique moralisatrice et sanitaire. Mais les mouvements de libéralisation des femmes des années 70 permettent de donner une nouvelle approche à ce sujet.

L’éducation nationale tente de s’adapter à ces changements avec la circulaire Fontanet de 1973, qui prévoit une information sur la sexualité intégrée officiellement dans le programme scolaire. Le contenu restera longtemps laconique, se bornant aux schémas explicatifs du système reproducteur.

Il faudra attendre la loi du 4 juillet 2001 pour que l’éducation sexuelle en milieu scolaire soit enfin élargie dans son contenue et dans ses objectifs  :

« Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d'au moins trois séances annuelles et par groupes d'âge homogène. Ces séances présentent une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes. Elles contribuent à l'apprentissage du respect dû au corps humain».

Aujourd’hui, l’éducation à la sexualité est abordée sous 3 angles :  biologique, juridique et psycho-émotionnel.

Outre la prévention des risques de grossesses précoces non désirées et de maladies sexuellement transmissibles, d’autres thèmes sont abordés comme la lutte contre les comportements homophobes et transphobes, les violences sexuelles et les cyberviolences sexuelles et sexistes.

Une démarche d’EVRAS, d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle, contient une approche positive et bienveillante et se fonde toujours sur le respect, et l’ouverture à l’autre. Elle vise à apporter une information fiable et impartiale.

Ce sont soit des temps effectués par l’enseignant, ou des temps d’échanges entre élèves et en présence d’un(e) professionnel(le) qualifié(e), souvent un(e) conseiller(ère) conjugal(e) et familial(e) : ils vont permettre aux plus âgés de déconstruire leurs représentations naissantes mais déjà souvent faussées sur les rapports sexuels, en développant l’esprit critique. Il ne s’agit pas de faire un discours aux élèves, mais de permettre un débat.

Ces apprentissages se font dans le respect de l’intimité et des valeurs de l’élève, les interventions devant être inclusives. Elles doivent se faire idéalement de façon coconstruites avec un enseignant, et dans le respect des principes de laïcité et de neutralité.

La finalité est le développement de soi, de ses choix personnels, l’acceptation de la différence, afin d’éviter des souffrances et de favoriser des comportements responsables individuellement et collectivement.

Ces séances sont l’occasion pour les plus jeunes d’aborder dès le CP le thème de l’égalité fille et garçon et de faire de la prévention contre les abus sexuels  : apprendre à savoir dire non, avec des supports comme « Kiko et la main » >:

https://www.coe.int/fr/web/children/underwear-rule

Il convient de rassurer les parents qui peuvent s’étonner d’entendre qu’une éducation sexuelle peut être faite à leurs jeunes enfants : les interventions sont adaptées à ce que chaque âge peut entendre et comprendre.

Même si le Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) prévoit l’intégration de ces heures dédiées à l’éducation sexuelle au sein de chaque établissement, en pratique, il est difficile pour les enseignants de mettre en place autant de séances : manque de temps, difficultés de trouver des intervenants compétents déjà très sollicités, manque de formation sur des sujets qui peuvent être sensibles.

Il est regrettable que ces trois séances annuelles ne puissent pas toujours être faites, car l’enjeu est important : au-delà de la bonne compréhension des éléments scientifiques, chaque élève doit avoir accès à un espace de parole et de réflexion sur des sujets comme la notion de consentement, l’orientation sexuelle, l’identité sexuelle.

Selon le Ministère de l’Education nationale, des leviers d’amélioration sont envisagés  :

  • Une meilleure formation du personnel éducatif
  • Des interventions plus nombreuses dans le premier degré  : il y aurait un travail à faire avec les associations (il n’y en pas partout, notamment dans les territoires ruraux, c’est pourquoi il peut y avoir un intérêt à établir des partenariats avec les collectivités territoriales).
  • Création d’un interlocuteur départemental qui sera mis en place en principe en septembre 2022, ayant pour mission d’animer des partenariats territoriaux, ce qui sera une bonne porte d’entrée pour les collectivités territoriales.
  • Une ressource interne supplémentaire peut être apportée par des élèves ambassadeurs santé, formés pour accompagner leurs pairs.

Les professionnels intervenant en milieu scolaire sur ces questions évoquent quant à eux, deux principaux freins :

  • Trouver une personne ressource au sein de l’établissement scolaire
  •  Les craintes des parents  

Il serait peut-être opportun de développer une meilleure communication entre les intervenants, le personnel enseignant et les parents sur le sujet de l’éducation sexuelle en milieu scolaire, afin qu’un véritable travail d’équipe puisse servir les nouvelles générations.

Site utile https://eduscol.education.fr/2346/sante